Le cinquième épisode était très attendu par les fans de la série, digérant amèrement le mauvais Suikoden IV. Les premières vidéos laissaient présager un retour aux sources, ce qui n’était pas plus mal dans le fond. Le résultat est là, traduit qui plus est dans la langue de Molière, et il surpasse toutes nos espérances, nous offrant une histoire hors du commun.
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Comme tous les Suikoden, le contexte de ce cinquième épisode prend place au sein de guerres entre royaumes. Enfin, cela n’est pas évident au début du jeu car les différentes nations ont l’air paisibles, entretenant une certaine diplomatie mais que l’on dirait faussée. En effet si l’on se plonge dans un passé récent, les tensions entre les peuples étaient sans retenues et on s’aperçoit qu’elles sont aujourd’hui encore palpables. C’est dans ce contexte, imprévisible, que démarre la fabuleuse aventure du héros de Suikoden V. Ce dernier est le prince du plus respecté des royaumes. Un rang qui n’est pas le meilleur car les hommes n’ont aucun pouvoir. En effet c’est la reine qui contrôle tout, et donc plus tard la future princesse, jeune sœur du héros. La reine possède la rune du soleil, la magie la plus puissante qui puisse exister. Elle impose le respect de son peuple et des autres pays grâce à cette rune. La politique et la magie forment un mélange assez particulier mais qui s’intègre plutôt bien dans ce monde Heroic Fantasy. Le prince vit donc dans l’opulence et la royauté, mais son statut d’homme l’empêche d’être au devant de la scène, il n’est que spectateur devant la montée en autorité de sa sœur qui, malgré son jeune age, doit préparer ses futures fiançailles et surtout son futur couronnement. Ces deux évènements sont forcément les tournants de l’histoire. Sans dévoiler ce qu’il s’y passe, ils vont marquer le début d’une histoire à la fois captivante, très complexe et parsemée d’importants rebondissements. Le prince évoluera beaucoup par la suite, prendra de l’ampleur, ce qui en fait un personnage très attachant malgré le fait qu’il ne parle pas (fait récurrent dans la série : le joueur contrôle un personnage muet et doit donner des réponses à certaines questions, ce qui peut avoir une répercussion sur la fin du jeu).
Les autres personnages ne sont pas en reste, ils sont tous plus charismatiques les uns que les autres. Les 108 étoiles de la destinée sont difficiles à recruter mais chacune apportera quelque chose par ses compétences ou simplement sa présence et son background. C’est vraiment du bon travail car beaucoup de personnages ont un passé commun, des relations particulières et tout cela est dévoilé au fur et à mesure de l’avancée du jeu. Il faut leur parler souvent, aller les voir dans leur magasin ou leur chambre, s’intéresser à eux ni plus ni moins. Et là je ne vous parle que des personnages secondaires, que l’on recrute petit à petit ! Les personnages principaux sont juste extraordinaires. Et il n’y a pas d’exceptions. Ils évoluent tous à leur rythme mais force est de constater qu’aucun n’a la même vision du monde au début et à la fin du jeu. L’histoire et ses personnages associés à un background très intéressants forment incontestablement le point fort de cet opus.
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Basique. Suikoden V ne fait pas dans le tape à l’œil, loin de là. Cependant les environnements sont soignés et colorés, l’aliasing inexistant, et le tout reste très fluide. Le strict nécessaire est présent pour faire rêver et malgré le vide de certains décors, notamment la première ville, on prend plaisir à explorer jusque dans les moindres recoins pour trouver un coffre ou une étoile de la destinée. Ces graphismes enchanteurs (mais pas magnifiques), associés à une musique en général jolie et enivrante amènent au joueur un brin de magie et d’encouragement pour avancer. D’ailleurs, on revient à une vue fixe, avec trois niveaux de zoom, où la caméra est placée au dessus des personnages, rappelant les anciens épisodes sur Playstation, ou tout simplement pour donner un côté old school au jeu. Les cut-scènes, quant à elles sont très bien réalisées, tantôt avec le moteur de jeu, tantôt avec des images de synthèses, les transitions sont parfaites et augmentent l’effet des émotions ressenties par le joueur. A chacune d’elle, on pose la manette et on se délecte de la magnifique scène, c’est dire !
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Comparé aux autres épisodes de la série, rien de très neuf. Les combats au tour par tour à six reviennent, pour le plus grand bonheur des tacticiens. En effet le jeu est assez dur et certains combats mettront à rude épreuve vos stratégies de combat. C’est à ce stade qu’apparaît une nouveauté : la possibilité de changer de « tactique » en cours de combat. En gros cela change la formation des combattants, sachant que ceux en première ligne sont plus vulnérables mais font plus de dégâts, et inversement pour ceux qui sont en retrait, sauf s’ils utilisent des magies et autres armes de jet. Sachant ceci on peut imaginer toute sorte de formation, incluant des mages, des archers, des soigneurs, des brutes, etc. De plus les formations amènent des bonus. Par exemple la formation en tête de flèche donne un bonus de +20 en attaque alors qu’une formation de repli donne +10 en défense. Et cerise sur la gâteau, il existe une technique spéciale pour chaque formation, qui consomme un tour complet pour tout le monde mais qui, en général, permet de renverser la situation d’un combat. Certaines techniques peuvent être utilisées une fois pas combats, d’autres sont illimitées et il faudra toutes les tester car aucun renseignement n’est donné dans les menus ! Avant d’utiliser une formation, il faut la trouver, dans un coffre en général donc forcément pour avoir les meilleures, il faudra galérer mais cela en vaut largement la peine.
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Autre point qui a changé, ce sont les batailles entre les armées. Nul n’ignore que dans les Suikoden, il y a des combats normaux au tour par tour, mais également des duels, avec un système du genre pierre papier ciseau, et des affrontements à grande échelles entre des armées de soldats. Ce dernier système fait peau neuve en proposant une gestion en temps réel des unités, avec une pause lors du choix de mouvement ou d’attaque. Le principe des forces et faiblesses est gardé, par exemple l’infanterie est faible contre les cavaliers, et plus forte que les archers, qui eux sont plus forts que les cavaliers. Le système est identique pour les batailles navales, avec encore différentes forces et faiblesses. Sur le papier c’est un excellent choix, en pratique c’est un peu déroutant car peu maniable. En fait c’est assez dur de gérer rapidement à la manette toutes nos unités. En résulte une action très hachée et incontrôlable lorsque plusieurs unités sont cote a cote et s’attaque mutuellement, on a une fraction de seconde pour redonner un ordre ou pour soigner avant que l’écran de combat ne réapparaissent. C’est assez énervant car on perd bêtement des unités que l’on pourrait soigner, par exemple, si la maniabilité était mieux pensée.
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Ce cinquième épisode rattrape la mauvaise passe du précédent. La tache était rude mais est finalement accomplie avec brio. Bravo messieurs de chez Konami ! Même au niveau de la durée de vie c’est meilleur (en même temps ça c’était pas dur, vu les 20 heures que durait l’aventure de Suikoden IV) puisqu’il vous faudra entre 50 et 60 heures pour boucler l’histoire principale, sans compter la récupération des 108 étoiles qui nécessitent un gros investissement, surtout pour ne pas les louper en cours de route. Il y a également de nombreuses fins très différentes qui peuvent motiver pour recommencer le jeu. Pour conclure, j’affirme haut et fort que Suikoden V est un jeu merveilleux. Son scénario devrait être considéré comme une référence, mêlant habilement politique, magie, civilisation et autres gaîtés. Une très bonne surprise car en plus de rattraper le coup du très mauvais quatrième épisode, cet opus a même remis tous les fans d’accord. C’est génial !
Zeus
Concepteur | Editeur | Machine | Version testée | Difficulté |
Konami | Konami | Playstation 2 | PAL | Facile |
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Réalisation | 14/20 | Assez peu travaillés, les graphismes ont tout de même un certain charme. Le design des personnages est excellent, tout comme les cut-scènes. |
Jouabilité | 15/20 | Les bases de Suikoden sont présentes, les combats à six reviennent et les nouveautés du gameplay sont plutôt appréciables. |
Musiques | 16/20 | Globalement les musiques sont splendides, amenant toutes sortes d’émotions au joueur. |
Durée de vie | 16/20 | La quête principale est déjà suffisamment longue, et si l’on rajoute la recherche des 108 étoiles de la destinée, on obtient une bonne durée de vie. |
Scénario | 17/20 | Complexe et faisant intervenir de nombreux personnages, l’histoire de ce cinquième opus est une petite merveille. |
Plaisir de jeu | 17/20 | Malgré un début un peu mou et timide, le plaisir de jeu est ensuite très élevé, on s’impatiente de connaître les futurs éléments du scénario. |
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Note Globale | 17/20 | Suikoden V est un RPG extrèmement bon, que tout amateur se doit de faire. Un des meilleurs RPG de l’année 2006, sans aucun doute. |
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