Nintendo a enfin pris l'initiative de distribuer la série des Fire Emblem en Europe, très bon point pour eux ! Après deux épisodes GBA très réussis, c'est au tour de la console GameCube d'accueillir un volet de cette série prestigieuse de Tactical RPG. On pouvait craindre la perte totale du gameplay si particulier de la série lors du passage à la 3D de la saga, rassurez vous, il n'en ai rien, le gameplay est identique, ou presque, à ses prédécesseurs. Bonne ou mauvaise chose ?
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A l'instar des autres Fire Emblem, ce volet nous propose une histoire épique et émouvante, sur fond de guerres entre nations et races différentes. Un beau matin, un pays sous l'emprise d'un pseudo dictateur et très militarisé envahit son voisin sans motif apparent. Son dirigeant apparaît comme fou et sans pitié, il détruit tout sur son passage et massacre la famille royale. Ajouté à ça, on retrouve une vieille haine raciale entre les Humains, dit les "Beorcs" et les Mi hommes / Mi bêtes, appelés les "Laguzs". Lors des fait racontés dans le jeu, il n'y a plus de guerres entre ces deux races, elles ne se fréquentent plus et vivent éloignées. Mais les récents évènements et affrontements relèveront le passé assez difficile entre ces deux peuples. Rien de très surprenant, ce contexte a été vu et revu des centaines de fois. Or le scénario de Fire Emblem : Path of Radiance est juste extraordinaire. Comme nous l'avons vu, le début parait classique. Cependant, le déroulement du jeu amènera souvent des questions et assez peu de réponses dans un premier temps. Au plus le jeu avance, au plus le scénario commence à prendre forme, à prendre une ampleur démesurée. Ce Tactical RPG est un condensé de rebondissements et de personnages intéressants, attachants et tout simplement géniaux.
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La très bonne histoire générale du titre ne sert pratiquement que de fond au développement de la psychologie des personnages, c'est dire si ces derniers sont terribles ! Commençons les présentations par Ike, le héros de ce nouvel opus, un jeune mercenaire (aux cheveux bleus, encore...) appartenant au groupe de son père, Greil, lui aussi chasseur de prime. Ce groupe, également composé au départ de Titania, Soren, Oscar et son frère Boyd, tous aussi intéressants que le père et son fils, et ayant vraiment leur propre personnalité, ne va pas tarder à rencontrer une jeune fille nommé Elincia. Cette dernière cache un secret qui sera révélé après quelques affrontements contre la nation envahissante. A partir de ce moment là, l'engrenage se met en route et l'on a beaucoup de mal à décrocher du scénario jusqu'à la fin du jeu. Après un très léger tour des personnages alliés au héros Ike (il y en a des dizaines d'autres et je ne les révélerai pas, mais sachez qu'ils sont vraiment tous bien travaillés), passons maintenant aux méchants de l'histoire. Très charismatiques et représentés par de splendides artworks, notamment aux niveau des armures et de leur tenue globale, on y retrouve donc le tyran sans foi ni loi, presque classique. Mais à côté de ce "monstre", se trouve le mystérieux Chevalier Noir, un des meilleurs personnages du jeu. Doté d'une puissance phénoménale, ce dernier n'aura de cesse de vous surprendre, par ses faits et propos. De la méchanceté et de la barbarie à l'état pur, un vrai bonheur de le découvrir en tout cas.
Même si la narration n'est pas toujours la meilleure qu'il soit, l'aventure réserve énormément de surprises, des alliances improbables, des événements très émouvants, des décès surprenants, bref de multiples retournements de situation.
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Fire Emblem qui passe en 3D, cela peut surprendre aux premiers abords. Mais au final, la vue de dessus reste, les affrontements un contre un dans un écran conçu pour les combats restent aussi. Bref seules nouveautés graphiques, la possibilités de zoomer et de faire tourner la carte lors des déplacements. Les combats ne gagnent pas vraiment en dynamisme, les angles caméra ne surprennent pas et les effets de lumières sont décevants. On s'endort un peu en regardant les joutes, heureusement que l'on peut activer le mode turbo et passer vite ces séquences de combats assez peu motivantes. A mon sens, je préfère largement de jolis graphismes en 2D à ces petits amas de polygones sans saveur. Le jeu n'est vraiment pas beau et c'est décevant, la GameCube nous avait habitué à mieux. Ce n'est pas agressif pour les yeux non plus, mais on sent du relâchement côté technique, ou peut-être est-ce du à un manque d'expérience et de maîtrise dans le domaine de la 3D, alors pourquoi ne pas être resté en 2D et nous présenter un jeu magnifique sous tous les aspects ? D'ailleurs les objets en deux dimensions (artworks des personnages, décors lors des dialogues, vidéos, ...) sont très beaux et contribuent grandement à la magie du titre. Mention spéciale aux scènes cinématiques d'une qualité d'animation rare. Elles sont très belles, fluides et soulignent avec perfection les moments forts du jeu. Beaucoup d'émotions transpirent lors de ces séquences, ce qui est assez rare pour être souligné !
Encore une fois, malgré le passage à la 3D, aucun changement significatif dans ce sens du côté du gameplay (mais pourquoi avoir passé le jeu en 3D finalement ?). La peur du fan qui se voyait perdre toutes les sensations Fire Emblem perpétuées depuis plus de dix ans dans les volets 2D ne s'est finalement pas réalisée. Heureusement, diront certains, mais si l'on imagine les perspectives que fournit un passage en trois dimensions à un jeu de stratégie (c'est plus ou moins ça), on est en droit de réclamer quand même plus d'innovations au niveau du gameplay général du titre ! Enfin, c'est un choix des développeurs et on ne peut pas leur en vouloir car le gameplay de ce volet GameCube est aux petits oignons et propose quand même pas mal de nouveautés très sympathiques.
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Le déroulement du jeu est assez similaire aux autres épisodes des Fire Emblem. On retrouve une phase de dialogue, suivi d'une phase de préparation au QG (qui arrive tardivement) dans laquelle on va répartir ses points d'expériences, acheter des armes, pour remplacer celles usagées, et des objets. Vient ensuite une autre phase de dialogue qui va expliquer le contexte de la prochaine bataille, puis celle-ci débute. Ce déroulement peut rebuter le néophyte, sûrement habitué à plus de contrôle et de liberté. Ici, il n'est pas question de s'entraîner pour booster ses personnages, de customiser ses compétences et de les choisir parmi des centaines de possibilités ou encore de créer des dizaines de petits soldats "chair à canon". Non, Fire Emblem, c'est la montée en expérience uniquement pendant les batailles du jeu, c'est seulement deux ou trois compétences par personnage et ceux-ci sont tous de vraies personnalités, point de petits bonhommes anonymes et inutiles qui iront mourir pour le bien de la patrie. Chaque "mort" est définitive et signifie que l'on ne reverra plus ce personnage dans la suite de l'histoire. Il faut bien faire attention à ces petits êtres, surtout les magiciens, indispensables par leurs magies d'attaques ou de soins, mais si faibles sous les coups de l'ennemi. Heureusement, on trouve une option de "sauvetage" qui permet à une unité de récupérer un confrère en mauvais état sur une case adjacente, pour peu qu'il est assez de force, afin de le mettre en sécurité plus en arrière. C'est toute une stratégie à élaborer pour ne pas perdre ses précieux alliés, et vous allez vous arrachez les cheveux à la vue de la difficulté de certaines missions, du moins si vous voulez garder tous vos amis en vie.
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Autre nouvel élément important de gameplay : l'apparition des fameux Laguzs ces êtres Mi Hommes, Mi Animaux (fauves, aigles, hérons et dragons) qui sont gérés d'une manière bien particulière durant les combats. En effet ces derniers possèdent une jauge qui se remplit à chaque tour d'un ou plusieurs points. Lorsque cette jauge est remplit, ils se transforment en bête sauvage surpuissante, et si elle retombe à zéro (les points sont décomptés lorsqu'ils sont transformés), les Laguzs redeviennent humains, et ne peuvent plus attaquer, jusqu'à ce que cette jauge se remplisse à nouveau. Cette gestion permet de bonnes stratégies, surtout avec l'apparition d'objets qui remplissent de suite la jauge ou des accessoires qui laissent le Laguz tout le temps transformé en animal, mais avec une baisse de ses caractéristiques. Cruel dilemme pour les tacticiens que nous sommes !
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Voir le bout du jeu ne vous prendra pas plus de 40 heures, mais c'est sans compter les nombreux chapitres que vous referez après avoir perdu lamentablement devant les monstrueux boss intervenants à certains évènements clés de l'histoire. Il ne faudra pas être découragé, car le scénario en vaut la chandelle. De plus, il y a plusieurs niveaux de difficultés (le mode difficile est déblocable à la fin du jeu), pour tous les joueurs de tous horizons. Pour résumer, cet épisode GameCube de la série Fire Emblem est une vraie réussite, si on met de côté l'aspect technique, répondant aux attentes des fans et aux autres désireux de découvrir cette saga épique dont la renommée n'est plus à faire. Je vous le conseille, un jeu d'une pareille qualité est très rare sur la console 128 bits de Nintendo et je vous laisse à vos calculs de dégâts, de meilleures stratégies, de prévisions des prochains tours alliés et ennemis et de repérage des points faible chez l'ennemi !
Zeus
Concepteur | Editeur | Machine | Version testée | Difficulté |
Intelligent Systems | Nintendo | GameCube | PAL | Difficile |
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Réalisation | 12/20 | A part les artworks et les somptueuses scènes cinématiques, le côté technique et esthétique de Fire Emble : Path Of Radiance est raté. |
Jouabilité | 16/20 | Même après un passage à la 3D, cela reste du Fire Emblem pur et dur. Les quelques nouveautés offrent de nouvelles possibilités stratégiques intéressantes. |
Musiques | 14/20 | Les musiques sont assez moyennes et basiques dans l'ensemble (QG et combats). Seuls quelques jolis thèmes sauvent le jeu du classicisme musical. |
Durée de vie | 15/20 | Une bonne difficulté, beaucoup de chapitres, cet épisode de Fire Emblem vous tiendra en haleine pendant un petit bout de temps. |
Scénario | 17/20 | Une histoire déjà terrible à la base, vécue avec des personnages psychologiquement très travaillés. C'est une réussite ! |
Plaisir de jeu | 16/20 | Le challenge et l'envie de découvrir le fin mot de l'histoire sont suffisamment présents pour conserver un plaisir de jeu intact du début à la fin. |
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Note Globale | 16/20 | Un excellent Tactical RPG malheureusement gâché par sa faible 3D mais rattrapé par son gameplay et son scénario accrocheur. |
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