Assez peu connu du grand public, Shadow Hearts est passé inaperçu en Europe. Il est sorti quelques jours avant le raz de marée Final Fantasy X, donc évidemment ce petit détail ne l'a pas aidé à sortir de l'ombre. Et pourtant Shadow Hearts est une bonne surprise, car son histoire sort un peu des sentiers battus en mettant en scène des images sanglantes, des situations malsaines et autres présages morbides. Autopsie d'un "Horror RPG".
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Le ton est donné dès le lancement d'une nouvelle partie : la cinématique d'introduction est dynamique, sanglante, nerveuse et mise en scène avec brio. On est tout de suite plongé dans l'ambiance "dark" du jeu. Nous sommes en 1913, à quelques années de la Première Guerre Mondiale, un homme d'église est assassiné et sa fille capturée par l'armée Japonaise. Elle s'appelle Alice et il semblerait qu'elle soit la clé d'un vaste complot teinté de magie noire. Alors qu'on la découvre dans un train, aux mains des Japonais, un homme du nom de Roger Bacon fait son apparition et ne tarde pas à déchiqueter les gardes japonais (scène assez gore). Cet homme a pour intention d'enlever Alice, et rien ne pourrait se mettre en travers de son dessein. Pourtant un jeune homme étrange possédant la capacité de fusionner avec des démons, Yuri, s'oppose tout à coup à Bacon, finit par gagner le duel et récupère ensuite Alice. Après cette introduction mouvementée (dans laquelle on a pu s'essayer à quelques combats avec Yuri et sa capacité de Fusion) on découvre que Yuri avait entendu une voix lui ordonnant de prendre le train et de sauver Alice alors qu'il ne la connaissait même pas ! C'est sur ce ton plutôt mystérieux que débute le jeu, on découvrira par la suite toutes les réponses à nos questions (Pourquoi Yuri peut-il fusionner avec des démons ? Pourquoi Alice est-elle poursuivie ? Quelle est cette voix étrange qu'entend Yuri ?...). L'aventure se déroule sans aucun temps mort et l'envie d'aller plus loin et de lever le voile sur l'excellent scénario est toujours présente.
L'ambiance de Shadow Hearts est très particulière car elle exploite une facette peu connue du joueur RPG : l'horreur. Attention, ça ne veut pas dire que le jeu fait peur comme un Silent Hill, mais plutôt que les sujets abordés et les scènes peuvent se dérouler dans le domaine de l'horreur. La scène d'introduction en est l'exemple même puisque la violence et le sang sont omniprésents, et par la suite on fait face à un village de cannibales, un asile de fou, un orphelinat remplis de démons, en gros, que du bonheur morbide. Le mélange est donc bien pensé, les personnages n'ont pas la naïveté des histoires de chevaliers et princesses que l'on rencontre souvent dans les RPG. Des personnages aussi charismatiques et classes que différents participent à l'aventure : un moine exorciste, une femme terroriste, un vampire bercé par la solitude ou encore un jeune orphelin qui possède une puissance extraordinaire.
Petite précision pour les connaisseurs : Shadow Hearts est une suite indirecte du jeu Koudelka, sorti sur PSX. En effet on y retrouve l'héroïne, Koudelka, en tant que personnage mystérieux mais essentiel à la bonne compréhension des évènements de Shadow Hearts.
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Le jeu est basé sur des graphismes 2D, avec des personnages 3D, à la manière des Final Fantasy sur PSX. Même si le jeu est sur PS2, les graphismes 3D ne sont pas extraordinaires. Par contre, les décors, en 2D, sont souvent beaux, détaillés, et possèdent des couleurs travaillées, toujours dans les tons sombres. Quant aux cinématiques, elles sont tout simplement longues et magnifiques (à part celle de fin, mais bon...). Au niveau des combats, on ne peut pas dire que c'est le summum graphique, mais bon les personnages et monstres (au design et au bon goût discutable) sont corrects, reste les décors un peu vides et lisses. Par contre les effets spéciaux des différentes magies sont très bien rendus, et bien qu'elles soient longues on se plaît toujours à les regarder. Mention spéciale aux fusions de Yuri qui sont vraiment magnifiques et surtout très classes.
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Le principal concept du jeu tourne autour de l'anneau du jugement. Il sert aussi bien dans les combats que pour certains passages de l'exploration (comme crocheter une serrure). Le principe est simple, l'anneau est balayé par un rayon, et on doit appuyer sur X lors de son passage sur des zones de différentes couleurs pour valider une action. Dans le cas des combats, une attaque normale, par exemple, est composée de trois zones sur l'anneau du jugement, qui correspondent à autant d'attaque que votre personnage portera à l'ennemi. Si vous n'arrivez à valider qu'une zone, une seule attaque sera compté sur l'adversaire. Il ne faut donc pas se laisser déconcentrer et appuyer sur X au bon moment. En plus des zones critiques existent sur l'anneau et permettent d'augmenter les dégâts infligés, mais ces zones sont assez difficiles à toucher car assez petites. Et selon la technique ou l'arme utilisée, les zones vont bien sur changer de taille et de position. Ce principe est génial et il contribue à un dynamisme constant lors des phases de combats, il faut être attentif à chaque action pour faire le maximum de dégâts (ou de soins, si toutefois on lance une magie ou un objet régénérant).
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Deuxième point assez sympathique : tous les personnages combattant possèdent leurs propres techniques, leur propre style de combat, ce qui permet de donner de la fraîcheur au groupe lors de changement de personnage. Yuri maîtrise les fusions, Alice les sorts de lumière et de soins (genre prêtre), le moine Zuhzen utilise des magies liées à l'exorcisme, Keith le noble vampire est plutôt du coté obscur avec ses techniques d'épéistes, Margaret utilise tout son attirail terroriste (grenade, fusil sniper, ...) et enfin Halley l'orphelin se sert de magies de tout élément, sans préférence ni contrôle. L'évolution de ces personnages se fait de manière très classique : les caractéristiques augmentent à chaque niveau et les nouvelles techniques s'acquièrent aussi avec les niveaux. Seuls les niveaux des fusions de Yuri détiennent une once d'originalité, puisqu'elles possèdent trois niveaux et qu'une pierre particulière est nécessaire pour l'obtention du niveau maximum, ce qui signifie une recherche intense vers la fin du jeu pour accéder au nirvana des fusions. Notons la présence de deux fusions cachées, totalement démentes de puissance (ah le jeu mérite d'être fait juste pour la classe et la force de la Radiance Séraphique).
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A première vue, aucun défaut, bizarre n'est ce pas ? Mais c'est un peu la partie cachée de l'iceberg... Bref soyons clair et direct, la durée de vie de Shadow Hearts est ridicule. Certes le scénario ne possède aucun temps mort, mais la fin se profile au bout d'une vingtaine d'heures, voire une trentaine pour la première partie. Vraiment le gros point noir du jeu car c'est assez décevant de rester si peu longtemps en compagnie de Yuri et son groupe. Il reste la possibilité de recommencer le jeu avec toutes les fusions, et accessoirement de voir la bonne fin (impossible à avoir dans une première partie, sans la solution), d'obtenir les fusions manquantes et de remplir toutes les quêtes annexes mais on reste quand même sur sa fin. Enfin bon, pour se réconforter on pourrait dire que ce sont quand même 30 heures bien remplies, riches en émotions et en rebondissements, dynamiques par ses combats, magnifiques par ses cinématiques et poignantes par son ambiance ténébreuse.
Shadow Hearts est une bonne surprise, mais éphémère.
Zeus
| Concepteur | Editeur | Machine | Version testée | Difficulté |
| Azure Corp. | Midway | Playstation 2 | PAL | Difficile |
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| Réalisation | 14/20 | Au niveau de la 2D, il n'y a rien à dire, c'est très beau. Par contre la 3D est un peu légère et n'exploite pas vraiment la Playstation 2. |
| Jouabilité | 15/20 | L'anneau du jugement est une bonne idée qui donne un certain dynamisme aux nombreux combats. Le système de fusion est assez original aussi. |
| Musiques | 16/20 | La plupart des thèmes sont agréables et bien dans le ton du jeu. Un bon point. |
| Durée de vie | 12/20 | Gros point noir du jeu. Il se termine en à peine 30 heures maximum, mais il reste la possibilité de le recommencer pour débloquer une autre fin et avoir toutes les fusions (rien que la Radiance Séraphique mérite une nouvelle partie). |
| Scénario | 16/20 | Un scénario riche en rebondissements, mais surtout sans temps mort. Ajoutons que l'ambiance violente et malsaine est peu commune dans le monde du RPG. |
| Plaisir de jeu | 15/20 | L'histoire ne contenant aucun ralentissement de rythme, le plaisir de jeu est maximal pendant toute la durée du soft. Mais la déception arrive vite lorsque l'écran "End" apparaît... |
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| Note Globale | 14/20 | Shadow Hearts peine par sa durée de vie et sa faible 3D, mais il mérite quand même toute notre attention grâce à son univers et son concept de l'anneau de jugement. |
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