La série Shin Megami Tensei existe depuis presque 20 ans, le premier volet étant sorti sur famicom en 1987, et aucun titre n'avait encore débarqué sur le sol Européen. Voilà chose faite grâce à Ubi Soft qui nous amène le troisième épisode sur un plateau, traduit en français et avec une option 60Hz s'il vous plait ! En tout cas voici un jeu qui va changer le train-train habituel du joueur RPG.
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L'histoire est très originale mais avare en rebondissements. Le prologue du jeu est une présentation des protagonistes humains : un journaliste versé dans le paranormal, une enseignante et ses trois élèves (le joueur en est un) et un personnage mystérieux qui semble tirer les ficelles des évènements. Le début du jeu se déroule dans un Tokyo moderne et stressé, notre héros doit rendre visite à son professeur à l'hôpital. En s'y rendant, il rencontre le journaliste dans un parc où se sont déroulés des évènements étranges quelques jours auparavant, avec l'apparition d'un démon semblerait-il... Arrivé à l'hôpital, on fait connaissance d'une amie du héros, puis de son camarade, aussi à la recherche de leur professeur. L'hôpital semble vide de toute présence vivante. Après quelques déambulations, on se retrouve face à un étrange personnage qui ne manque pas de vous tuer, mais l'enseignante arrive à temps et arrête l'acte du fou. Le joueur la rejoint ensuite sur le toit et assiste à la destruction de Tokyo, tout simplement. Oui vous avez bien lu, après une demi heure de jeu, Tokyo n'est plus, ou du moins il ne ressemble plus du tout à la ville que l'on connaît. En fait Tokyo "entoure" une boule lumineuse comme une sphère autour de son centre, c'est assez difficile à expliquer et impressionnant visuellement. Une vision d'apocalypse assez rare dans les RPG (surtout dès le début) qui chamboule toutes nos bases de joueur de RPG occidentaux ! Le héros est transformé en démon et plein d'événements étranges surviennent. Beaucoup de personnages mystérieux apparaissent, débordant d'un charisme certain. On se demande pendant quelques heures ce qu'il s'est passé, pourquoi a-t-on survécu, qui sont ces personnages et ces démons que l'on doit combattre, et j'en passe. Un début très flou et rempli de questions. La vérité sera dévoilée au fur et à mesure de l'avancée du jeu et révèle quelques surprises, mais rien de transcendant. Heureusement l'originalité du scénario et l'ambiance générale du titre rattrapent l'avancée un peu lente et plate de l'histoire. Notons au passage l'absence totale de manichéisme : chacun à ses motivations bonnes ou mauvaises et on pourra choisir de les suivre ou pas.
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L'ambiance de Shin Megami Tensei est excellente et prenante. Elle doit beaucoup au style épuré et coloré du cell-shading, ici maîtrisé à la perfection. Les graphismes en eux-mêmes ne sont pas géniaux, loin de là mais l'architecture des niveaux, le design des personnages, le style général et les quelques effets inhérents à chaque lieu sont une preuve de l'excellente ambiance qui règne. L'effet est hypnotique, on ne se lasse pas de déambuler dans les nombreux couloirs, de visiter les villes dévastées dans ses moindres recoins, de parler aux âmes (sortes de feus follets bleus). La carte du monde est une des plus intéressantes qu'il m'est était donné de voir, elle m'a fait penser à celle de Chrono Trigger dans sa conception, son design et son architecture, ce qui n'est pas un mauvais point ! Par contre les combats, c'est autre chose. Ils sont relativement moches. Les aires des affrontements sont ternes et pas forcément en relation avec le décor (sur la carte du monde, toutes les aires sont identiques... et vilaines). Quant aux effets spéciaux ils ne sont pas exceptionnels non plus, à part deux ou trois sur la fin qui sont impressionnants. Du niveau de la réalisation, on trouve donc du bon (phases d'exploration) et du mauvais (phases de combats) mais toujours cette ambiance unique qui caractérise ce soft.
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Le principal intérêt du gameplay est le fait que l'on puisse enrôler toutes sortes de démons. Il y a deux moyens pour cela, le premier est de les recruter lors des combats en leur parlant, les séduisant ou les menaçant. Ils vous demanderont en général des Meccas (la monnaie du jeu), des objets ou encore l'aspiration d'une partie de vos points de vie. Une fois rassasiés, ils vous poseront une question avec deux choix de réponses contradictoires. Selon si la réponse est en accord avec les pensées du démon, il vous rejoindra ou fuira le combat. Le second moyen de posséder des démons est la fusion. Elle nécessite deux démons (plus un troisième si l'on souhaite faire un sacrifice) dont la fusion aboutira à un démon plus ou moins puissant selon les races fusionnées. Ces fusions se font dans les puits fusionnels, disponibles dans chaque ville au même titre que les marchands et l'aide soignante. On se fait rapidement à ce système de fusion, mélangeant les techniques des monstres et cherchant toujours de nouveaux démons surpuissants. Attention toutefois, le niveau du démon créé ne devra pas être supérieur à celui du héros sinon la fusion ne pourra se faire. Les techniques de nos monstrueux compagnons sont diversifiées et en très grand nombre. Chacun peut en stocker huit au maximum, il faudra donc faire des choix cruciaux et bien dispatcher les compétences de chacun sinon les combats deviendront vite difficiles, surtout contre les boss. Pour le héros c'est le même système, il ne peut porter plus de huit compétences, qu'il gagnera à chaque niveau grâce aux nombreux Magatama, des insectes qu'il ingère afin d'augmenter sa puissance.
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Le système de combat est lui aussi très bon. Les tours sont distincts : il y a le tour du joueur puis celui de l'ennemi, etc. Chaque tour est symbolisé par un nombre d'icônes égal à la quantité de personnages du groupe (s'il y a sept ennemis, il y aura 7 icônes et en général il y a trois démons plus le héros du côté du joueur donc il aura 4 icônes). Chaque icône correspond à un tour "normal" du personnage (joueur ou démon), il fait une action d'attaque ou de magie et une icône disparaît, puis c'est au tour du démon suivant. Jusque là c'est du grand classique mais la particularité du système de combat de Lucifer's Call intervient lors des coups critiques et des résistances et faiblesses de chaque démon. Je m'explique : on peut perdre ou gagner des petites icônes selon le coup que l'on fait à l'ennemi. Si l'on fait un coup critique, seulement une moitié d'icône sera consommée et le reste sera pour le démon suivant, ce qui fera gagner un tour à l'équipe. A l'inverse, si l'on manque son coup, au lieu d'une seule icône qui est normalement consommée, ce seront deux qui partiront en fumée, faisant perdre un tour à l'équipe. De la même manière, les résistances et faiblesses des ennemis pourront faire gagner ou perdre des icônes, voire toutes à la fois, si le coup est absorbé. Il faut donc constamment garder un œil sur ces icônes et tirer parti des faiblesses des ennemis pour avoir le plus de tours possible et donc faire le plus de dégâts. Le système de combat est donc assez tactique et passionnant, surtout contre les boss qui possèdent tous une particularité. Il faudra connaître par cœur ses démons et leurs techniques afin de les vaincre.
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Vu que l'argument principal pour vendre ce soft est la présence du célèbre chasseur de démons Dante du jeu Devil May Cry, j'avais envie de faire ce paragraphe pour pousser un coup de gueule et un avertissement. Donc premièrement ne vous attendez pas à voir Dante tout le long du jeu, il apparaît quelques fois dans toute sa classe afin de défier le héros. Bien sur on peut l'engager mais seulement vers la fin du jeu, il est quand même surpuissant et c'est du bonheur de le contrôler. Enfin je trouve dommage de faire la publicité du jeu sur ce personnage, attirant le joueur fan de Devil May Cry qui risque d'être déçu par ce RPG et le genre en général. Non pas que Shin Megami Tensei : Lucifer's Call soit mauvais, mais pour débuter le RPG ce n'est pas le meilleur exemple. Il est dur, par forcément très beau et demande beaucoup d'investissement. Pour résumer Dante est un bon clin d'œil et qui a sa place dans le jeu, mais pas de quoi en faire l'argument de vente principal.
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Côté durée de vie, le soft s'en tire plutôt bien avec une grosse soixantaine d'heures pour le finir, avec les quêtes annexes bien sûr. En plus il y a six fins différentes assez surprenantes, un peu trop courtes à mon goût mais potables quand même. Et la durée de vie n'est pas rallongée par des dialogues interminables comme dans la plupart des RPG, ici il n'y a que du bon gameplay, entrecoupé par de cours dialogues ! Pour conclure Shin Megami Tensei : Lucifer's Call est un très bon RPG, mais à ne pas mettre entre toutes les mains à cause de sa difficulté et ses nombreux donjons (et donc couloirs interminables). Le novice du RPG ne trouvera pas son compte dans ce soft, par contre l'habitué sera comblé et profitera au maximum de l'ambiance unique et de son système de combat original et passionnant. Pour un premier Shin Megami Tensei en Europe on ne pouvait pas rêver mieux que cet opus !
Zeus
| Concepteur | Editeur | Machine | Version testée | Difficulté |
| Atlus | Ubi Soft | Playstation 2 | PAL | Difficile |
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| Réalisation | 14/20 | Excellente lors des phases d'exploration et décevante lors des combats. Encore faut-il aimer le cell shading... |
| Jouabilité | 16/20 | Le système de combat est génial et dynamique. Le jeu devient très tactique contre certains boss difficiles. |
| Musiques | 13/20 | Les musiques d'ambiance sont assez bonnes. Celles des combats et des boss ne sont pas vraiment extraordinaires. Les rares morceaux à l'orgue sont magnifiques. |
| Durée de vie | 16/20 | Soixante heures pour faire toutes les quêtes annexes et finir le jeu. La possibilité d'un new game + et les nombreuses fins réservent encore de longues heures. |
| Scénario | 14/20 | L'ambiance est excellente, c'est un fait. Quant au scénario, même s'il est original, les rebondissements sont quasi inexistants. |
| Plaisir de jeu | 16/20 | Malgré quelques combats très difficiles, surtout au début, le jeu est passionnant jusqu'à la fin. |
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| Note Globale | 15/20 | Doté d'un bon système de combat et d'une durée de vie tout à fait correcte, ce RPG à ambiance s'avère une bonne surprise qui arrive à point sur le continent Européen. |
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