Après ICO, une des merveilles du monde vidéoludique, le génie Ueda nous amène sur un plateau son nouveau jeu, j’ai nommé Shadow Of The Colossus. Plus dynamique, plus épique, plus grand et plus coloré que son prédécesseur, ce titre s’impose sans problème et nul doute qu’il restera longtemps dans le cœur des joueurs.
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L’introduction nous présente un aigle plongeant au fond d’un canyon inondé par l’obscurité de la nuit étoilée. La musique est douce, on palpe presque l’air étouffé de ce sombre précipice. Un homme sur un cheval longe la corniche, évitant les obstacles et sautant les crevasses sans précipitation, prenant gare à son bagage à l’aspect aussi encombrant que fragile. Le voyage continue et les décors de ce monde merveilleux s’enchaînent sans se ressembler. L’atmosphère est calme, pure. La fine pluie laisse place au soleil. Une lumière vive, écrasante, s’installe lorsque le jeune homme arrive devant d’imposantes portes, presque à l’état de ruine. Ces dernières franchies, un pont à la longueur démesurée apparaît. L’architecture de celui-ci est très particulière, les piliers sont parfaitement arrondie, chacun reposant sur l’autre et s’enfonçant dans la terre quelques centaines de mètres plus bas. Grandiose. Le cavalier entame la longue traversée, bercé par le seul bruit du vent et la petite mélodie enivrante. Le destin de cet homme vient de basculer au moment même de son passage entre les immenses portes. Il est au courant de cela, mais peu importe, son chagrin est trop grand. De solides portes, fermées, marquent l’entrée de magnifiques ruines terminant avec esthétisme le pont que notre héros vient de traverser. Il est temps pour ce dernier de descendre de sa monture et de dévoiler au grand jour un artefact rare et empreint d’une magie mystérieuse : une épée de lumière. Il brandit son arme face à l’écrasant soleil et les portes s’ouvrent après des siècles d’attente… L’intérieur des ruines est à priori réduit, contrastant avec l’immensité observée jusqu’ici. Un escalier en colimaçon descend aux plus profond de l’inconnu et le jeune homme s’empresse de le suivre, aux côtés de son fidèle compagnon à sabots. Arrivés en bas, la grandeur architecturale revient pour notre plus grand plaisir, dévoilant une pièce immense, percées ça et là par des rayons de lumière blanche aveuglants. De vaillantes statues se dressent dans les cavités à droite et à gauche de la salle. Au fur et à mesure de la progression au milieu de ces monstres de pierres, l’on se rend compte que ces derniers font plus office de totems, de symboles religieux plutôt que de banales statues. Au fond de la salle, côtoyant presque les mille couleurs de l’extérieur, un autel est transcendé par la pureté du soleil. Le héros a atteint son premier but, il transporte avec douceur et une infinie précaution son unique bagage jusqu’à l’autel. Il s’agit d’une jeune femme à la beauté et à la pureté sans précédent. Son âme est éteinte, elle est morte. Le cavalier n’a qu’un souhait : redonner la vie à cette femme qu’il aime de tout son être. Il est prêt à tout, même à franchir les interdits de ce monde pour parvenir à ses fins. Soudain, une voix retentit… Le discours est clair, pour ressusciter sa bien aimée, notre héros va devoir affronter et défaire seize colosses, représentés non loin de là par les totems précédemment décris. Ces monstres de la nature sont disséminés dans ce monde coupé de toute civilisation, il faudra les affronter un par un pour redonner la vie.
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La première phase de jeu débute, celle où l’on va rechercher le colosse. Après quelques minutes de prise en main du héros (maniement de l’épée, de l’arc, saut, appel du destrier ou encore rotation de la caméra), le monde extérieur s’offre à nous. Franchir les portes du temples signifie découvrir l’immensité de l’univers, coloré au possible et rempli de détails en tout genre. Des kilomètres de plaines, de montagnes et d’architectures oubliées s’étendent devant les yeux du héros, toujours déterminé dans sa mission. Les jeux de lumières sont extraordinaires et les couleurs du ciel font tourner la tête tellement les tons se mélangent et se combinent de fort belle manière. Passé le choc graphique, il faut se mettre en route pour le premier d’une longue série de combats titanesques. Mais comment pourrait-on débusquer le colosse parmi tous les monts de ce gigantesque environnement ? C’est à ce moment qu’intervient l’épée du héros. Celle-ci semble empreint d’une magie oubliée. Lorsque le héros la tire hors de son fourreau, l’arme reflète le soleil. Un rayon de lumière pointe directement vers le sud, où l’on distingue au loin une falaise abrupte. Le jeune homme saute sur son cheval et galope, épée levée, en direction du rayon tel un chevalier défiant la montagne. Vent, cris d’oiseaux et sabots du cheval résonnent dans les oreilles du héros durant le court trajet l’amenant au pied de la falaise. Son cheval ne peut aller plus loin, à partir de ce point il est seul avec son épée et son arc. Après une séquence de pures plateformes, notre cavalier arrive enfin au sommet, ne sachant encore rien de ce qui l’attend… Soudain le sol se met à trembler…
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Caché derrière un rocher, notre héros assiste au plus impressionnant spectacle de sa vie. Une grande forme se déplace, toute proche, constituée de fourrure mélangée à du roc et autres parties métalliques. Il ne faut pas longtemps avant de comprendre que ce n’est autre qu’un bout de la jambe du premier colosse. La masse, encore plus gigantesque que l’avais imaginer notre esprit, passe à côté du personnage, sans même se rendre compte de sa futile présence, il est le roi de la montagne et son règne semble être infini. Le premier réflexe du jeune homme est d’attaquer de front le colosse, mais ce n’est pas quelques flèches ou quelques coups d’épée dans le pied qui va ébranler cette force de la nature. A chaque coup la terre tremble et la santé du héros diminue fortement, rappelant à celui-ci sa faiblesse. Après quelques minutes d’esquives et de tentatives acharnées, un point faible se dévoile. Une minuscule lueur bleue se dégage du mollet du géant. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le vaillant guerrier saute et s’agrippe à la fourrure située au plus bas de cet être hors du commun, enfonçant avec force son épée dans sa jambe. Le colosse hurle et pose un genou à terre, ce qui permet au héros de grimper sur son dos et de s’accrocher à la fourrure qu’il porte sur la tête. Lorsque la montagne de chair, de cailloux et de métal se redresse, tout bascule, il faut se tenir avec ardeur aux poils pour éviter la chute de plusieurs dizaines de mètres de haut. La musique devient épique, entraînante, on sent que l’on maîtrise le colosse. Tout va très vite, les décors défilent à une vitesse vertigineuse tandis que l’ennemi se débat et hurle de colère. Soudain, le héros trouve un équilibre, bande ses forces et plante son épée au plus profond du crâne du titan, se débattant comme jamais. Au bout de plusieurs assauts, ce dernier finit par vaciller, puis s’effondrant lourdement sur le sol, sans vie. De magnifiques chœurs se font entendre, la combativité et le courage se transforment en pitié pour cette montagne irréaliste reléguée au rang de mortel. Ce qui était autrefois de la chair et du métal prend un aspect noirâtre et de nombreux rayons obscurs s’échappent de ce corps renversé, afin d’aller violemment transpercer notre héros, qui s’effondre à son tour. Noir absolu. Lumière aveuglante et Voix insondable. Noir absolu. Le jeune homme se réveille, avec des cicatrices, au temple où est allongée sa bien aimée, aux côtés d’une ombre mystérieuse qui ne tarde pas à disparaître sans un mot. La grande voix inconnue retentit une nouvelle fois : « le prochain colosse se situe… ».
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